15 avril 2001
Washington, D. C.

Quand l’avion militaire envoyé pour ramener Pitt, Giordino et les reliques, de la baie d’Okuma à Washington, atterrit à l’aéroport de Veracruz, au Mexique, le pilote informa Pitt que l’amiral Sandecker avait envoyé un avion d’affaires de la NUMA pour terminer le reste du voyage. Transpirant dans la chaleur et l’humidité, ils transportèrent la caisse de bronze jusqu’à l’avion turquoise, parqué à plus de cent mètres de là, sur le fuselage duquel s’étalait en grosses lettres le logo de la NUMA.

À part le pilote et le copilote dans le cockpit, l’appareil était désert. Après avoir chargé et solidement arrimé la caisse, Pitt essaya d’ouvrir la porte du cockpit, mais elle était verrouillée. Il frappa et attendit qu’on lui réponde. Finalement, une voix s’éleva dans le haut-parleur.

— Désolé, monsieur Pitt, mais j’ai reçu l’ordre de laisser fermée la porte du cockpit et de n’autoriser ni entrée ni sortie avant que les reliques soient chargées comme il faut dans un camion blindé de la base de l’Air Force, à Andrews.

« Ils en font un peu trop », pensa Pitt.

Il se tourna vers Giordino qui levait une main verdâtre.

— Où t’es-tu fait ça ?

— Sur la peinture de la porte. Je m’y suis agrippé quand nous avons monté la caisse. (Il frotta un doigt sur la tache.) Ce n’est pas vert, mais turquoise. La peinture de cet avion n’est pas sèche.

— On dirait que la peinture a été posée il y a moins de huit heures, observa Pitt.

— Tu crois qu’on est en train de se faire enlever ?

— Peut-être, mais nous allons regarder le paysage pour voir si nous sommes bien en route pour Washington.

L’avion roula quelques centaines de mètres avant de décoller au-dessus de la mer, sous un ciel bleu sans nuage. Pendant les quelques heures suivantes, Pitt et Giordino se détendirent et surveillèrent à tour de rôle par les hublots la mer au-dessous d’eux. L’avion traversa le golfe du Mexique et pénétra aux États-Unis à Pensacola, en Floride. De là, il parut se diriger vers Washington. Quand Giordino reconnut, en bas, la capitale, il se tourna vers Pitt.

— Est-il possible que nous ne soyons que deux poules mouillées soupçonneuses ?

— Je réserve mon jugement tant que je n’aurai pas vu un tapis rouge allant de l’avion à un camion blindé.

Au cours du quart d’heure suivant, le pilote prit le couloir aérien de la base de l’Air Force, à trois kilomètres seulement de la piste, l’appareil fit un virage à peine perceptible. Pitt et Giordino, eux-mêmes pilotes depuis très longtemps, sentirent immédiatement la légère inclinaison vers un nouveau cap.

— Il ne va pas à Andrews, annonça calmement Giordino.

— Non, il s’aligne pour arriver à un petit aéroport privé, au nord d’Andrews, dans une zone résidentielle appelée Gordons Corner.

— J’ai la désagréable sensation que nous n’aurons ni le tapis rouge ni l’accueil des VIP.

— On dirait bien. Giordino loucha vers Pitt.

— Les Wolf ?

— Qui d’autre ?

— Ils doivent salement tenir à ces reliques !

— Sans elles, ils n’ont aucun symbole sacré autour duquel se rallier.

— Ça ne leur ressemble pas de nous faire marcher. Ils auraient aussi bien pu atterrir n’importe où entre le Mexique et la Virginie.

— Sans Karl Wolf pour prendre les décisions, dit Pitt, ou ils ont bâclé les choses, ou ils savaient qu’ils seraient surveillés depuis Veracruz et poursuivis par les chasseurs de l’Air Force s’ils essayaient de dévier de leur plan de vol.

— Tu crois qu’on devrait prendre le contrôle et filer vers Andrews ? demanda Giordino.

— Mieux vaut attendre d’être au sol. Entrer en force dans le cockpit pendant que les pilotes font leur approche pourrait créer des problèmes.

— Tu veux dire un crash ?

— Quelque chose comme ça.

— C’est la vie, dit Giordino d’un air songeur. J’avais pourtant bien envie d’une marche triomphale et d’une parade dans la ville.

Quelques secondes plus tard, les roues crissèrent brièvement en touchant le ciment de la piste. En regardant par un hublot, Pitt aperçut un camion blindé et deux Mercedes Benz ML430 utilitaires Suburban suivre l’appareil. Rapides, avec leurs moteurs V-8 de 268 CV, elles ressemblaient autant à ces berlines européennes qu’un véhicule à quatre roues motrices pouvait le faire.

— Maintenant ! dit Pitt.

Il sortit le Colt de son sac à dos tandis que Giordino prenait son P-10. Puis ce dernier ouvrit d’un coup de pied la porte du cockpit, apparemment sans effort, et ils s’y précipitèrent. Le pilote et le copilote levèrent automatiquement les mains en l’air sans se retourner.

— Nous vous attendions, messieurs, dit le pilote, comme s’il récitait un rôle. Je vous prie de ne pas essayer de prendre le contrôle de l’appareil. Nous avons coupé les câbles de commande dès l’atterrissage. Cet avion est inopérant et ne peut voler.

Pitt regarda la console entre les pilotes et vit qu’en effet, les câbles de la colonne et des pédales avaient été sectionnés à l’endroit où ils entraient dans le tableau de bord.

— Vous deux, dehors ! cria-t-il en arrachant les deux hommes de leurs sièges par le col. Al, mets-les dehors !

L’avion avançait encore à 40 kilomètres/heure quand Giordino éjecta les pilotes par la porte d’embarquement, satisfait de les voir rebondir et rouler comme des poupées de chiffon.

— Et maintenant ? demanda-t-il en rentrant dans le cockpit. Les Mercedes qui nous suivent ne sont qu’à cent mètres derrière nous, elles vont vite et ont l’air solides.

— Nous n’avons peut-être plus de commandes de vol, mais nous avons encore des freins et des moteurs, dit Pitt.

Giordino eut un air dubitatif.

— Tu n’as pas l’intention de faire rouler ce machin le long de Pennsylvania Avenue jusqu’à la Maison Blanche ?

— Pourquoi pas ? répondit Pitt en poussant la manette des gaz et en faisant traverser le taxiway à l’avion à toute vitesse puis en roulant sur l’avenue quittant l’aéroport. Nous irons aussi loin que nous le pourrons. Avec un peu de chance, nous atteindrons un endroit de forte circulation où ils n’oseront pas nous attaquer.

— C’est avec des gens comme toi que les cyniques sont plus forts que les optimistes, dit Giordino. Les Wolf veulent tellement leurs reliques qu’ils tireraient dans un stade plein de femmes et d’enfants pour mettre leurs sales pattes dessus.

— Je suis ouvert à toutes les suggestions…

Pitt se tut tandis qu’une giclée de balles frappant l’aluminium de la carlingue résonna dans le cockpit. Il commença par appuyer sur le frein droit puis sur le gauche, faisant zigzaguer l’avion sur la route pour gêner le tir des occupants de la Mercedes.

— Il est temps pour moi de jouer à Wild Bill Hickok, dit Giordino. Pitt lui tendit son 45.

— Tu vas avoir besoin de toute la puissance de feu possible. Il y a des chargeurs de rechange dans mon sac.

Giordino se mit à plat ventre à côté de la porte passagers, les pieds vers l’arrière de l’appareil, visant l’arrière des Mercedes SUV. Du coin de l’œil, il vit les balles frapper l’aile gauche et pénétrer dans le réservoir. Il ne prit pas feu, mais ce n’était qu’une question de temps. Le moteur allait sûrement s’enflammer. Il visa très soigneusement et tira quand Pitt passa d’un bord à l’autre.

Pitt envoya littéralement l’avion sur la bretelle entrant sur le périphérique de Branch Avenue, qui menait en ville. Les deux moteurs hurlant, l’appareil roula en trombe à près de 160 kilomètres/heure le long de la voie de droite et l’accotement du périphérique. Des conducteurs surpris, bouche bée en voyant l’avion les doubler, regardèrent la bataille entre l’homme qui tirait de la porte passagers de l’appareil et les deux Mercedes Benz SUV qui les poursuivaient en plein milieu de la circulation.

Pitt savait que l’avion avait assez de puissance pour semer les Mercedes, mais il était désavantagé par des ailes de 6,60 mètres, il pouvait à tout moment accrocher une voiture, un camion ou un poteau électrique. Son seul avantage était que les moteurs étaient montés sur le fuselage. Mais ils ne tourneraient pas longtemps si une aile ou les deux, contenant les réservoirs, étaient arrachées. Pour l’instant, il voyait que la jauge indiquant la quantité d’essence du réservoir gauche baissait à une allure alarmante. Il jeta un bref coup d’œil par la fenêtre de son côté et s’aperçut que l’aile était déchirée par les balles et que le carburant s’en échappait dans le vent.

Il pilotait aux freins, fonçant dans la circulation peu importante, mais il savait qu’elle se ferait plus dense à mesure qu’ils approcheraient de la ville. Chaque fois que c’était possible, il essayait de doubler les camions et de se placer devant eux pour qu’ils lui servent de boucliers contre le tir des hommes des SUV. Il entendait Giordino tirer depuis la cabine principale, mais ne pouvait en voir le résultat. Il ne pouvait pas non plus se rendre compte de la distance qui le séparait de ses poursuivants.

Les deux pieds sur les freins et la main droite sur les gaz, il se servit de sa main gauche pour lancer un SOS par la radio. L’aiguilleur de la tour de contrôle, à la base d’Andrews, répondit et demanda où il se trouvait car il ne le voyait pas sur son radar. Quand il lui dit qu’il était sur Branch Avenue et approchait de Suitland Parkway, les contrôleurs pensèrent qu’ils avaient affaire à un fou et lui ordonnèrent sèchement de quitter les ondes. Mais Pitt insista et exigea qu’ils appellent le poste de police le plus proche, ce qu’ils furent trop heureux de faire immédiatement.

Dans la cabine, le tir lent et méthodique de Giordino finit par payer. Il fit exploser le pneu avant droit de la Mercedes de tête, l’envoyant glisser sans contrôle à travers le périphérique, où elle finit par tomber dans un fossé de drainage et fit trois tonneaux avant de s’immobiliser, les roues en l’air, dans un nuage de poussière. L’autre Mercedes poursuivit sa chasse sans hésiter et gagna du terrain dans la circulation croissante qui ralentissait Pitt. Il lui fallut deux voies de circulation et un accotement pour doubler les voitures et les camions qui surgissaient devant lui.

Des sirènes hurlèrent dans le lointain et bientôt les lumières rouges et bleues clignotantes apparurent dans le sens opposé. Les voitures de police traversèrent la bande centrale plantée d’herbe et prirent la chasse presque sur le pare-chocs arrière de la Mercedes, la doublèrent et se précipitèrent derrière l’avion dont les policiers pensaient qu’il était entre les mains d’un drogué ou d’un ivrogne.

Pendant peut-être dix secondes, les policiers ne se rendirent pas compte que les balles qui sifflaient autour d’eux venaient des armes automatiques utilisées par les deux hommes de la Mercedes. Mais ces balles trouèrent les capots de leurs voitures et mirent leurs moteurs hors d’usage. Ils s’arrêtèrent net. Les policiers, surpris et désorientés, poussèrent leurs voitures sur l’accotement, tandis que de la fumée sortait de leurs capots.

— Ils ont arrêté les flics ! cria Giordino par la porte du cockpit.

« Ils sont sacrement décidés à récupérer leurs reliques », pensa Pitt tandis que la Mercedes arrivait à sa hauteur et que les tireurs lâchaient une rafale de balles qui s’écrasèrent sur le cône d’hélice devant lui. Mais la voiture avait fait une erreur en s’approchant trop de l’avion. Les deux automatiques à la main, Giordino vida deux chargeurs dans la Mercedes, touchant le conducteur qui s’effondra sur le volant. La SUV sortit de la voie et alla s’écraser contre un camion à remorque géant transportant du lait. Les roues de la grosse remorque passèrent sur la Mercedes, écrasant ses occupants et rebondissant sauvagement sur l’épave avant de l’abandonner, en morceaux répandus sur l’asphalte.

— Tu peux ralentir, maintenant, annonça Giordino. Les criminels sont anéantis !

— Tu es meilleur tireur que je ne le pensais, dit Pitt en tirant doucement sur la manette des gaz, mais en laissant quand même l’appareil sur l’autoroute.

Quand il fut absolument sûr qu’il n’y avait plus de poursuite, il arrêta l’avion sur la large zone herbeuse de Fort Davis Park et coupa les moteurs.

En quelques minutes, ils furent encerclés par une dizaine de voitures de la police du district de Columbia et obligés à se coucher au sol, les mains menottées dans le dos. Plus tard, après qu’on les eut menés au poste de police le plus proche, ils furent interrogés par deux détectives. Leur histoire de poursuite depuis l’aéroport par des nazis qui voulaient récupérer leurs reliques sacrées leur parut sortie d’Alice au pays des merveilles. Mais Pitt les convainquit de passer un coup de téléphone.

— Vous avez droit à un appel, dit le lieutenant de police Richard Scott, un vétéran aux cheveux gris.

— Je vous serais reconnaissant de le passer pour moi, dit Pitt. Le policier brancha une fiche dans la salle d’interrogatoires et leva les yeux.

— Le numéro ?

— Je n’arrive jamais à le mémoriser, mais les renseignements le connaissent. C’est celui de la Maison Blanche.

— J’en ai marre de vos conneries, dit sévèrement Scott, Quel numéro voulez-vous appeler ?

Pitt jeta un regard glacé au policier.

— Je suis tout à fait sérieux. Appelez, la Maison Blanche et demandez le chef d’État-Major du Président. Dites-lui que nous sommes, avec les reliques nazies, détenus dans un commissariat de Potomac Avenue.

— Vous plaisantez ?

— Vous avez dû prendre des renseignements sur nous et vous savez donc que nous sommes de hauts fonctionnaires de la NUMA et non des criminels recherchés.

— Alors, comment expliquez-vous votre fusillade sur l’autoroute avec des armes qui ne sont pas enregistrées ?

— Je vous en prie, le cajola Pitt, passez cet appel.

Scott chercha le numéro de la Maison Blanche et suivit les instructions de Pitt. Lentement, son visage changea d’expression, comme celui d’un acteur comique. De la suspicion à la curiosité, puis à la stupéfaction. Quand il reposa le combiné, il les regarda avec un nouveau respect.

— Alors ? demanda Giordino.

— Le Président Wallace est venu lui-même à l’appareil et m’a demandé de vous amener avec vos reliques, à la Maison Blanche, faute de quoi il me retirerait ma plaque.

— Ne vous tourmentez pas, lieutenant, dit gentiment Giordino, nous ne vous retarderons pas.

Toutes sirènes hurlantes, Pitt et Giordino, avec la précieuse caisse de bronze, furent emmenés au plus vite à la grille nord-ouest de la Maison Blanche. À l’intérieur, la caisse fut ouverte et fouillée, sous le regard attentif des services secrets spécialisés dans les armes et les explosifs. Ensuite, plutôt que de prendre la peine de tout remettre en place, Giordino prit la Lance sacrée et la tint à la main. Pitt garda la petite plaque de bronze et donna le drapeau taché de sang à un agent. Quant à l’urne d’argent, il la tint fermement à deux mains.

La secrétaire du Président les vit approcher, entourés de quatre agents des services secrets. Elle sourit en accueillant les deux hommes de la NUMA.

— Le Président et un certain nombre de hauts personnages vous attendent patiemment dans son bureau.

— Nous sommes plutôt crasseux pour une réception, remarqua Giordino en montrant ses vêtements froissés.

— Si je peux prendre une seconde, dit Pitt, pouvez-vous me dire où sont les toilettes les plus proches ?

— Mais bien sûr, dit-elle aimablement. Elles sont juste derrière vous, sur la droite.

Quelques minutes plus tard, Pitt et Giordino entraient dans le Bureau Ovale. Ils furent sidérés de trouver la pièce pleine de monde. Le chef d’état-major des Armées, les assistants et les membres du cabinet du Président, l’amiral Sandecker avec Hiram Yaeger et Rudi Gunn, divers membres du Congrès dont Loren Smith qui ne montra aucun embarras en s’approchant pour embrasser Pitt sur les lèvres. Il y eut une salve d’applaudissements tandis que les deux héros restaient plantés là, au comble de l’étonnement.

Quand les applaudissements et les voix se turent, Pitt ne put s’empêcher de dire :

— Cette réception est rudement plus agréable que celle qu’on nous a réservée à Cordons Corner !

— Cordons Corner ? s’étonna Sandecker. Vous étiez supposés atterrir à la base d’Andrews, où un comité de réception vous attend probablement encore.

— Oui, dit Paul Reed, le secrétaire d’État Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? La police vous a arrêtés et détenus ?

— La famille Wolf a essayé de nous reprendre les reliques, expliqua Pitt.

— Ils ont essayé de les faucher ? demanda le général Amos South, de l’état-major des Armées. J’espère qu’ils n’ont pas réussi ?

— Ils n’ont pas réussi, le rassura Pitt. Nous avons les reliques. Le Président Dean Cooper Wallace s’approcha d’eux.

— Messieurs, la nation – non, le monde ! – a envers vous une dette de gratitude qui ne pourra jamais être acquittée. Hélas, très peu de gens sauront jamais à quel point le monde a été proche du chaos et ce que vous avez accompli pour l’en empêcher.

Le vice-président Brian Kingman se tenait près du Président.

— Il est injuste que vous ne receviez pas la juste récompense de vos extraordinaires actions, mais si l’on venait à savoir que le monde et tous ses habitants ont été à quelques minutes de l’anéantissement, il y aurait une panique épouvantable. Les médias seraient ulcérés et, bien que le danger soit passé, la peur et la terreur dureraient des années.

— Brian a raison, reprit le Président. Savoir que la terre est susceptible d’être frappée par une comète ou un astéroïde ou de subir un tremblement de terre ne dérange pas le train-train des gens. Mais ils ne supporteraient pas l’idée que d’autres fous comme Karl Wolf et sa famille essaient d’annihiler des milliards d’individus rien que pour assouvir leur envie de domination. La peur ne les quitterait pas et c’est une situation que nous ne pouvons laisser se produire.

— Ça m’est égal, monsieur le Président, dit Giordino, mentant effrontément. J’ai toujours détesté l’idée que l’on me demande un autographe pendant que je dîne au restaurant.

Pitt tourna la tête pour cacher son sourire. Sandecker leva les yeux au ciel. Le Président eut l’air surpris, ne sachant si le petit Italien plaisantait ou non.

— Je pense que ce que mon ami essaie de dire, c’est que nous sommes tous deux très heureux de rester dans l’anonymat.

Tout le monde se mit alors à poser des questions, surtout sur la traversée de la banquise dans le Croiseur des Neiges et sur la façon dont ils avaient sauvé les Forces Spéciales. C’est alors que le Président vit la lance dans la main de Giordino.

— Est-ce la Sainte Lance dont on m’a tant parlé ? demanda-t-il. Giordino la lui mit nonchalamment entre les mains.

— Oui, monsieur, c’est elle.

Wallace la leva au-dessus de sa tête et tout le monde la regarda avec une respectueuse admiration.

— C’est la relique la plus sacrée de toute la Chrétienté, proclama Pitt. On dit que l’homme qui la possède commande à la destinée du monde, en bien ou en mal.

— Apparemment, Hitler a choisi la seconde proposition, dit l’amiral Sandecker.

— Est-ce vraiment la lance qui a percé le flanc du Christ sur la croix ? demanda Wallace avec révérence, en regardant la pointe comme s’il s’attendait à y voir une tache de sang.

— C’est ce que dit la légende, répondit Pitt.

Le Président tendit l’objet au secrétaire d’État Reed.

— Vous feriez mieux de la prendre, Paul.

— Qu’avez-vous l’intention d’en faire, monsieur le Président ? demanda le général South. Wallace toucha légèrement la vieille lance.

— On m’a dit qu’elle appartenait au trésor du palais royal de Vienne, où Hitler l’a volée en 1938. Reed secoua la tête.

— Jamais ! dit-il avec emphase. Je suis désolé, monsieur le Président, mais je pense qu’il faut la cacher pour qu’elle ne tombe plus jamais en de mauvaises mains et qu’on ne puisse plus jamais l’utiliser comme symbole de la tyrannie.

Quand tout le monde eut examiné le Drapeau de Sang et la petite plaque supposée avoir sauvé la vie d’Hitler, Pitt alla jusqu’au bureau de la secrétaire du Président où il avait laissé l’urne qu’il rapporta dans le Bureau Ovale. Il la posa sur la table, devant la cheminée.

— Les cendres d’Hitler et d’Eva Braun.

Puis il recula tandis que les gens, dans le Bureau Ovale, s’approchaient pour lire les mots gravés dans l’argent. Les voix se turent bientôt pour n’être plus qu’un murmure tandis qu’on examinait ce qui contenait les restes maudits du plus infâme despote de l’Histoire.

— Ça me fait frissonner rien que de regarder ça, dit Loren en saisissant le bras de Pitt.

Il passa un bras autour de la taille de la jeune femme.

— Je suis sûr que tu n’es pas la seule.

— C’est trop répugnant pour qu’on le contemple, murmura le Président. Le général South s’approcha de Wallace.

— Monsieur, je pense que nous devrions regarder à l’intérieur pour être absolument certains que les cendres sont bien dedans. Le Président Wallace regarda autour de lui.

— Quelqu’un y voit-il une objection ?

— Je pense qu’il serait plus sage, dit Reed, que le labo du FBI les examine pour prouver qu’elles sont humaines.

— Voulez-vous enlever le couvercle, je vous prie, général ? demanda Wallace au général South.

Même ce soldat endurci répugnait à toucher l’urne. À contrecœur, il plaça ses doigts autour de l’aigle noir qui surmontait le couvercle et le tourna avec précaution. Il se dévissa et il le posa sur le bureau comme s’il contenait un virus.

Tout le monde fit silence quand le Président regarda prudemment dans l’urne. Son visage afficha l’étonnement et il leva les yeux vers les visages impatients tournés vers lui.

— Elle est vide ! dit-il d’une voix confuse. Il n’y a pas de cendres dedans. Le mot « vide » fut répété dans toute la pièce.

— Voilà bien un tour auquel personne ne s’attendait, constata le vice-président Kingman, lui-même mystifié.

— Est-il possible que les Wolf aient pris les cendres pour les cacher ailleurs ? demanda le général South en se faisant l’écho de ce que tous pensaient.

Seul Giordino avait l’air étrangement méditatif. Puis son visage s’illumina soudain. Il se tourna vers Pitt, d’un air interrogateur.

— Oh ! Non ! murmura-t-il. Tu n’as pas fait ça !

— Mais si, répondit franchement Pitt.

— De quoi parlez-vous ? demanda Loren. Savez-vous qui a les cendres ?

— Je le sais.

— Et alors, qui est-ce ?

— C’est moi, répondit Pitt dont les yeux opale reflétaient une gaieté diabolique. Je les ai jetées dans les toilettes pour hommes de la Maison Blanche.

Atlantide
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